Nanomatériaux dans le bâtiment : un progrès ou un danger ?

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Plâtre, béton, métaux, verre… les nanomatériaux sont de plus en plus utilisés dans la construction. Existe-t-il un risque pour la santé lorsqu’on les utilise ou qu’on y est exposé sur un chantier ?

Un infiniment petit très costaud

Cosmétiques, vêtements et même emballages alimentaires : les nanomatériaux ont envahi notre quotidien. Le secteur du bâtiment et de la construction n’est pas épargné et fait sans doute partie des plus gros utilisateurs de cette technologie.

 

Où sont les nanomatériaux  ?

 

Difficile de savoir si un produit pour la construction contient des nanomatériaux. En effet, contrairement à certains produits comme les cosmétiques, l’alimentation ou les biocides (insecticides, détergents), aucune réglementation n’impose d’étiquetage spécifique.

 

Ils sont pourtant très répandus et utilisés pour améliorer les propriétés de la plupart des matériaux : ciment, plâtre, verre, carrelage, métaux isolants, peintures…

 

Quels nanomatériaux dans la construction ?

 

Voici quelques-uns des nanomatériaux que l’on pourra retrouver dans le domaine de la construction :

 

  • – les nano-tubes de carbone ou les billes fumée de silice amorphe pour améliorer la résistance des ciments, bétons ou plastiques ;
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  • – le nano-dioxyde de titane (TiO2) pour ses propriétés auto-nettoyantes, dans les peintures, ciments ou le verre ;
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  • – le nano-argent pour ses propriétés bactéricides et fongicides, dans les revêtements de sols et de murs ;
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  • – les nanoparticules de cuivre, pour améliorer la résistance aux fissures des aciers.

 

Bon à savoir : Les nanoparticules désignent les particules de taille inférieure à 100 nanomètres. Les nanomatériaux sont des agrégats ou agglomérats de nanoparticules. Ils peuvent être d’origine naturelle (produits par un feu de forêt par exemple) ou artificielle et manufacturés par l’homme.

 

Des dangers pour la santé ?

Les nanomatériaux font craindre des risques pour la santé et pour l’environnement. Leur taille microscopique leur permet en effet de franchir les barrières de protection naturelle, de traverser les tissus et d’atteindre à travers la circulation sanguine des organes comme le foie, le cœur ou la rate. On notera que depuis 2006, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé le dioxyde de titane (TiO2) comme cancérogène possible pour l’homme.

 

Mais de manière générale, les connaissances scientifiques en la matière sont encore trop lacunaires. Face à ces nouveaux matériaux, nous manquons de recul. Et si des études ont commencé à être menées, y compris dans le domaine spécifique de l’utilisation des nanomatériaux dans le bâtiment, les résultats ne pourront être connus que dans bien des années.

 

Des risques d’exposition différents

 

Dans le domaine de la toxicité, de multiples paramètres rentrent en jeu qui complexifient la donne. Tous les nanomatériaux pourraient ainsi ne pas représenter la même dangerosité. La nature du matériau utilisé, sa capacité de persistance dans l’organisme, mais aussi sa forme (en billes, en tubes…) sont susceptibles de modifier les risques sur la santé.

 

Les toxicologues avertissent également de différents degrés d’exposition aux nanomatériaux. Il y aurait moins de risque à s’exposer à des nano-composés « inertes », intégrés par exemple dans un métal ou du plastique, qu’à des composés volatils : dégagés par exemple lors du séchage d’une peinture ou de la chauffe d’un revêtement. Bétons ou bois contenant des nanoparticules représenteraient aussi davantage de danger lors des procédures de découpe ou de démolition.

 

Comment se protéger des nanomatériaux ?

En l’absence de données établies concernant la toxicité des nanomatériaux, scientifiques et professionnels de la construction recommandent d’adopter des mesures de prévention. Au regard de scandales précédents, et notamment celui de l’amiante, on comprend que le principe de précaution s’impose.

 

Les règles de protection à adopter en présence de nanomatériaux se rapprochent de celles qui s’imposent face aux risques chimiques. En l’absence de réglementation spécifique, c’est d’ailleurs la réglementation en matière de prévention des risques chimiques, prévue par le Code du travail, qui s’applique aux nanomatériaux.

 

Les techniques de prévention

 

Avec les nanomatériaux comme avec les autres risques toxiques, la meilleure stratégie en matière de prévention consiste à éviter ou à diminuer au maximum les expositions.

 

Pour le secteur du BTP et de la construction, voici quelques-unes des techniques de prévention pouvant être adoptées :

 

  • Utiliser des dispositifs de captage et de ventilation dans les ateliers, et des dispositifs d’aspiration avec filtre THE sur les matériels portatifs (scie, ponceuse…).
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  • Eviter la génération de poussière, en travaillant « à l’humide » ou en privilégiant les techniques de découpe « douces » (scie manuelle plutôt qu’électrique, etc.).
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  • Utiliser des équipements de protection individuels adaptés : masque muni de filtre, gants et vêtements de protection contre le risque chimique.
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  • Nettoyer régulièrement et soigneusement les locaux et les installations.
  •  
  • Former les salariés aux risques chimiques intégrant le risque nano-particulaire.

 

 

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter :

 

le dossier Nanomatériaux, Nanoparticules de l’INRS

 

le dossier « nanomatériaux » des cahiers de l’OGBTP

 

la page Nano et Bâtiment du site VeilleNanos

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