Construire en terre

Nos ressources / Nicolas

 

 

Maison en terre crue au Sénégal

 

Si le béton est la norme de nos jours, l’utilisation de matériaux de constructions comme la terre ou le bois était jusqu ‘à l’après seconde guerre mondiale prépondérante. Facile d’accès et ne nécessitant pas de combustion thermique, la terre crue présente des avantages certains. Elle pose cependant des défis à la fois techniques et réglementaires importants.

Locale, durable et écolo

La reconstruction intensive de l’après seconde guerre mondiale imposait de faire au plus vite, résistant et à moindre coût. Le béton est ainsi devenu omniprésent dans le bâtiment et l’urbanisation moderne. Aujourd’hui, les exigences liées au développement durable et la préservation de l’environnement remettent en avant d’autres matériaux de construction.

 

Comparé au béton, le terre crue présente un bilan écologique nettement plus positif. Elle ne nécessite pas transports car accessible localement ni de combustion pour être chauffée. Elle ne produits aucun déchet polluant lors de sa préparation et peut être complètement recyclée.

 

De plus le liant de la terre crue, l’argile, permet des utilisations variée ainsi qu’une adaptation aux technologie actuelles développées pour le béton. La terre crue présente également une assez bonne résistance à la compression et une forte inertie thermique. Elle restituera la nuit la chaleur emmagasinée le jour. De plus, elle absorbe l’humidité et peut la restituer en période sèche.

Différentes techniques possibles

 

– En pisé

 

 

Une technique de construction en terre crue les plus anciennes est celle du pisé. La terre mélangé à du sable et de l’argile est compressée dans de grands coffrages en bois pour former la structure des édifices. Aujourd’hui, on utilise des coffrages métalliques et des outils de compression pneumatique pour plus de résistance.

 

Utilisé dès l’antiquité, le pisé permet de construire des édifices solides capables de passer les siècles. Il s’agit finalement en quelque sorte de l’ancêtre du béton moderne

 

– brique séchée

 

Pose de briques compressées en terre crue

 

La terre crue peut aussi être modelée en briques dans des moules puis séchée et servir à la construction de bâtiments. Simple et ne nécessitant pas de chauffage, cette technique est cependant assez fastidieuse. Il faut passe la terre au tamis, trouver la bonne quantité d’eau à ajouter en fonction de sa composition puis sécher les briques en les retournant régulièrement.

 

Les briques obtenues sont résistantes et ont permis de réaliser des édifices imposants à travers les âges. Aujourd’hui on utilise des procédés industriels pour fabriquer des briques en terre crue dîtes extrudées. On peut aussi utiliser des presses puissantes pour faire des briques de terre compressée appelées BTC.

 

Limites techniques et économiques

 

La construction en terre crue reste pourtant encore peu exploitée aujourd’hui malgré ses nombreux avantages. C’est que la technique se heurte à plusieurs problèmes.

 

La terre crue reste un matériau sensible à l’eau et au gel. Il faut donc prévoir des fondations en conséquence et une toiture importante pour que l’eau ne puisse endommager les édifices.

 

Au niveau isolation thermique, la terre crue présente des performances médiocres et il faut y incorporer de la paille pour les améliorer.

 

D’un point de vue économique, la terre crue reste encore bien trop chère, près de 3 fois le prix du béton. Elle demande un travail plus fastidieux et donc plus onéreux sans parler de l’adaptation des chantiers aux nouvelles techniques et contraintes.

 

Reste qu’à mesure que les normes et les obligations environnementales progressent, le matériau va devenir de plus en plus compétitif.

 

Ce qui aujourd’hui bloque sans doute le plus le développement des construction en terre crue, ce sont surtout des aspects légaux et réglementaires. Les assureurs et cabinets d’audit ne sont pas habitués à ce genre de concept et il est difficile de faire d’homologuer les projets. Dans certains cas, il faudra renforcer les structures avec du ciment ou des fondations en béton pour les obtenir. Et cela, même si les tests de résistance ont déjà été passés !

 

Reste un atout fort pour la terre crue, la possibilité de travailler avec de la terre coulée et d’adapter cette technique au mode de construction d’aujourd’hui avec le béton.

 

D’une certaine manière le temps joue pour la terre crue à mesure que les points négatifs du béton vont devenir de véritables fardeaux économiques. Une évolution qui pourrait se faire nettement plus rapidement qu’il n’y paraît vu les exigences des futures normes dans le secteur de la construction.

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