Biomimétisme : quand la nature inspire l’architecture
Peut-on s’inspirer de la nature pour mieux construire ? La réponse gagnante des architectes adeptes du biomimétisme en quelques exemples.
« La nature ne fait rien en vain » expliquait il y a des siècles déjà le philosophe grec Aristote. Et cette idée est à la base d’une recherche architecturale que l’on qualifie aujourd’hui de biomimétisme.
Il s’agit pour les architectes d’observer la nature et d’y trouver une source d’inspiration dans les design qu’ils élaborent. Que ce soit dans la forme globale ou dans la mise en place d’innovations fonctionnelles, le biomimétisme propose des concepts aujourd’hui de plus en plus plébiscités.
Si l’architecture est depuis longtemps inspirée par la nature, le biomimétisme apparaît véritablement comme un courant dans les années 1980.
Synergie plutôt que contrôle
Il intervient dans un contexte où l’architecture et l’urbanisation se sont développées à très grande vitesse, en particulier suite à la seconde guerre mondiale. Reconstructions, exode rural et expansion des villes, cités dortoirs des années 70,… un monde nouveau est apparu.
Un monde où l’architecture s’inscrit plus dans un contrôle, une domination de la nature que dans une recherche de synergie. Architecture soviétique imposante, barres de béton des villes nouvelles en Europe, standardisation et fonctionnalisme épuré. La nature ne semble pas avoir grand-chose à apporter à l’architecture et au design des bâtiments de l’époque.
Le biomimétisme apparaît donc au départ comme une réaction à cette vision dominante de l’architecture.
Vague verte
Vu initialement comme une niche conceptuelle pour architectes « néo baba-cool » en mal de verdure, le courant va petit à petit s’amplifier. Ainsi, il va évidemment bénéficier de la prise de conscience des enjeux écologiques qui progresse désormais rapidement dans nos sociétés.
Intégration des espaces verts, bilan énergétique des bâtiments, construction durable, autant d’éléments qui font désormais partie intégrante de l’architecture. Pourtant il y a encore peu , ce n’était pas le cas et le biomimétisme a aidé à porter ces nouvelles aspirations.
Il ne s’agit en effet pas seulement de copier des formes, une esthétique que développe la nature mais aussi d’y puiser des idées pour améliorer les constructions.
3 grands axes pour le biomimétisme en architecture
inspiration sur la forme globale
A partir des années 2000, des projets innovants ont marqué concrètement l’avènement du biomimétisme.
A Singapour, l’Esplanade Theater est recouvert d’une couverture inspirée par la peau des fruits de durian. Composée de panneaux d’aluminium, cette carapace filtre la lumière naturelle et change de position en fonction de la position du soleil. Grâce à cette conception biomimétique, la consommation totale du bâtiment est réduite de 30 % et l’utilisation d’éclairage artificiel de 55 %.
Toujours à Singapour, le Artscience Museum imite la forme d’une fleur de lotus pour à la fois récupérer les eaux de pluie et optimiser la diffusion de la lumière.
Enfin le projet de fermes verticales « dragonfly » pour la ville de New York de Vincent Callebaut s’inspire de la forme des ailes de libellules.
Grace à leurs nervures, les ailes de libellules sont en effet capables de transporter plusieurs fois leur poids. L’architecte utilise ces propriétés pour supporter au mieux les charges et créer un bâtiment futuriste, autosuffisant en eau, en énergie et en engrais naturel.
Et ces improbables fermes urbaines verticales, mixant logements, bureaux et zones agricoles seront peut être demain des bâtiments « standards ».
Inspiration fonctionnelle
Les architectes travaillant sur le biomimétisme s’inspirent également de la nature pour copier des fonctionnalités spécifiques.
Un des projets phares de cette approche est l’Eastgate Building dans la ville d’Harare au Zimbabwe de l’architecte Mike Pearce.
Construit en 1996, l’immeuble s’inspire de la régulation thermique des termitières pour maintenir une température stable. Les résultats sont remarquables avec une économie de 35 % sur la climatisation par rapport à un immeuble classique.
Autre exemple de cette approche, le Skolkovo Innovation Center qui cherche à reproduire le système de régulation thermique des pingouins empereurs.
Tout comme les animaux qui se regroupent sur la glace pour former un îlot de chaleur, une centaine de petites villas sont agencées par groupe de dix. Ainsi, la disposition « biomimétique » va optimiser la répartition de la chaleur pour l’ensemble et permettre des économie de chauffage dans une région très froide.
Inspiration écosystème
Dernier segment d’inspiration biomimétique, copier les écosystèmes naturels pour mettre en place une économie circulaire vertueuse. Ici, les déchets des uns deviennent matières premières pour les autres pour fonctionner en circuit fermé. Le but est bien sur d’atténuer au maximum l’impact sur l’environnement.
Un village test est en construction aux Pays-Bas avec comme ambition d’être 100 % écologique et totalement autonome.
Le village sera ainsi capable de produire sa propre énergie, sa propre agriculture et même d’assurer le recyclage des déchets.
Alors que la lutte contre le dérèglement climatique s’accroit, il est certain que l’approche biomimétique en architecture va gagner du terrain. Une tendance qui aura des impacts à long terme pour l’ensemble du secteur du bâtiment et de la construction
Bon à savoir : le concours d’architecture Eiffel 2019 portera sur le biomimétisme, plus d’informations ici
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